Le peuple du chantier

Les ouvriers chez Eiffage sont appelés Compagnons.

Je trouve que ce mot exprime mieux ce qu’ils sont en réalité, c’est à dire des hommes et des femmes qui, en majorité, aiment faire de belles choses de leurs mains. Cette idée du compagnonnage résiste au rouleau compresseur des délais de livraison toujours plus courts pour des budgets toujours plus réduits.

Pour combien de temps encore ?

Les compagnons continuent de bien faire vite ce qu’il faudrait prendre le temps de bien faire. Ils se plient à cette injonction paradoxale par amour du bel ouvrage et c’est remarquable !

Ce peuple du chantier je le côtoie au quotidien : tailleurs de pierre, cordistes,  grutiers, charpentiers, maçons, terrassiers ou staffeurs ornemanistes.

Certains sont presque devenus des amis, ensemble nous parlons quelques minutes (sur un chantier le temps est le véritable contremaître) de tout et de rien, du petit dernier, du prix de l’essence, de photo.

Même si les métiers du bâtiment et travaux publics sont aujourd’hui moins pénibles et plus sécurisés, ils restent éprouvant physiquement sur le long terme. Pourtant sur le chantier, même si ça gueule, ça sourit aussi. L’entraide entre compagnons et artisans est faite de gestes simples, d’ arrangements tacites, le prêt d’un outil, un coup de main. Comme pour dire qu’on sait que c’est dur et que c’est pas nécessaire d’en rajouter.

Tout cela il faut y être pour le sentir. De l’extérieur un chantier a l’air dur, bruyant, mécanique. En réalité c’est un organisme vivant, fait de l’énergie, de la connaissance inestimable et du cœur de son peuple. 

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